Chapitre second.
Chapter two.
Chumantou étoit sur le point de répondre lorsque Biach l'interrompit et luy dit: Il faut que celuy qui fait la fonction de pére et de guide des arnes dans les voyes de la vertu ayt des qualités bien rares. il faut qu'il possede parfaite-ment le Vedan, qu'il soit en etat de le développer aux hommes et de leur en donner le vray sens, il faut de plus qu'il les eclaire sur les dangers qu'on court dans le monde, et qu'il leur apprenne a les eviter; qu'il leur fasse connoitre Dieu et leur apprenne a l'honorer d'une maniére digne de luy; qu'il leur montre, enfin, quels sont les sacrifices qu'on doit luy offrir et les fruits qu'on en retire. vous êtes, Seigneur, du nombre de ces hommes rares, de ces hommes [vray-ment eclairés vrayment vertueux, vous voyez a vos pieds un pêcheur] qui ne cherche qu'a s instruire, servez donc moy de guide et de pére, et sauvez mon ame en la délivrant de ses erreurs.
Chumantou was on the verge of answering when Biach interrupted him and said to him: He who performs the function of father and guide of the arenas in the vows of virtue must have very rare qualities. It is necessary that he possesses the Vedan perfectly, that he is in a position to develop it to men and to give them the true meaning of it. It is necessary moreover that he enlightens them on the dangers which one runs in the world, and teaches them to avoid them; let them know God and teach them to honor him in a manner worthy of him; let him show them, finally, what sacrifices we should offer him and the fruits we derive from them. You are, Lord, of the number of these rare men, of these men [truly enlightened, truly virtuous, you see at your feet a fisherman] who seeks only to be instructed; therefore serve me as guide and father, and save my soul by delivering it from its mistakes.
Chumantou. Et depuis quand Biach (repondit Chumantou en sou-riant) t'est il venu dans l'esprit de vouloir t'instruire du Vedan et [de] devenir vertueux? n'est ce pas toy qui as enfanté ce nombre prodigieux de Pouranans contraire en tout aux Vedans et a la verité, et qui ont été le malheureux principe de l'idolatrie et de l'erreur? N'est ce pas toy qui a mis au jour le Tarkam ou la logique, source eternelle de dissensions et qui apprend aux hommes a disputer sur tout? N'as tu pas enseigné dans tes Pouranans les moyens de se rendre heureux dans ce monde et dans l'autre? N'as tu pas dit que ceux qui les liroient et les entendroient lire acquerreroient bientot la pureté du coeur, se sentiroient enflamés d'amour et animés d'une vraye piété? N'as tu pas ajouté que ceux qui les liroient ou les entendroient lire, auroient une véneration particuliére pour Vichenou et ne leur a tu pas appris en effet a en faire leur divinité? Je ne fais dans tout cela que parler ton propre langage, je n'y ajoute rien, je ne te prête rien. tu as fait plus. tu as inventé differentes incarnations que tu attribue toutes a ce Vichenou, tu as entretenu le monde de ces rêveries; tu es venu about de les lui faire gouter. tu leur a enseigné de plus differentes pratiques extérieures dans lesquelles tu as fait consister toute la vertu, et tu ne leur a pas dit un seul môt des grandeurs de Dieu et de son essence, il est le seul que tu as oublié. pourquoi viens tu donc aujourd'hui me demander de t'en-seigner le Vedan et de t'instruire de la verité? quel fruit d'ailleurs pouroient produire les instructions que je te pourrois faire? tu as fait oublier aux hommes jusqu'au nom même de Dieu, tu les a piongés dans l'idolatrie et ils y ont même pris gout. puis-je compter de les faire revenir et de te convertir toy-meme? C'est ce que je n'ose me promettre c'est ce que je n'ose esperer. tu as enseigné aux hommes que l'eau du Gange est une eau sacrée. Comment les détromper aujourd'hui? ils ont sans cesse tes livres entre lesmains.ils ne s'en départiront pas. tu leur as enseigné differentes pratiques et les as assuré du Chuarguam, s'ils s'en acquittoient fidellement, ils t'ont cru sur ta parole et les ont pratiqués. il faudroit maintenant entrer dans une autre route ù tout cela deviendroit mutile; ils n'y consentiroient pas. tu leur a enseigné a offrir des sacrifices a Dourgua; tu en as offert toy-même et leur as servi de guide. tu leur as prescrit differentes autres pratiques, differens autres sacrifices sanglants et non sanglants. ils t'ont écouté comme un oracle et ont donné tête baissée dans tout, comme s'ils etoient des bêtes brutes, ou des etres irresonnables. que je viennedoncaujourd'huy a t'instruire de la verité et a la leur enseigner, quel fruit en retireront-ils? y a fil la moindre apparance que je puisse venir about de la faire gouter et de la faire aimer?
Chumantou. And since when did Biach (replied Chumantou with a smile) come into your mind to want to learn Vedan and [to] become virtuous? Was it not Toy who gave birth to this prodigious number of Puranas contrary in everything to the Vedans and to the truth, and who were the unfortunate principle of idolatry and error? Isn't it the toy that brought to light Tarkam or logic, an eternal source of dissension, and which teaches men to argue over everything? Have you not taught in your Puranas the means to make oneself happy in this world and in the next? Did you not say that those who read them and hear them read would soon acquire purity of heart, feel inflamed with love, and animated by true piety? Did you not add that those who read them or heard them read, would have a particular veneration for Vishnou, and did not you in fact teach them to make him their divinity? In all of this I only speak your own language, I add nothing to it, I do not lend you anything. You did more. You have invented different incarnations that you all attribute to this Vichnou, you have kept the world alive with these reveries; you came to give them a taste. You taught them more different external practices in which you made all virtue consist, and you did not tell them a single word of the greatness of God and of his essence, it is the only one that you have forgotten. Why are you coming today to ask me to teach you Vedan and to instruct you in the truth? What fruit besides could produce the instructions that I could give you? You made men forget even the very name of God, you pawned them in idolatry, and they even took a liking to it. Can I count on bringing them back and converting you to toy-meme? This is what I dare not promise myself, it's what I dare not hope. You taught men that the water of the Ganges is sacred water. How to disabuse them today? They have your books in their hands all the time. They will not get rid of them. You taught them different practices, and assured them of the Chuarguam, if they performed it faithfully, they believed you on your word and practiced them. It would now be necessary to enter another road where all this would become mutilated; they would not consent to it. You taught them to offer sacrifices to Dourgua; you gave it yourself and served as a guide. You have prescribed to them various other practices, various other bloody and non-bloody sacrifices. They listened to you like an oracle, and gave their heads down to everything, as if they were brute beasts, or irresponible beings. That I come today to instruct you in the truth, and to teach it to them, what fruit will they reap? Is there the slightest appearance that I can come about to make it taste and make it loved?
Biach. A ces paroles Biach s'humiliant et s'anéantissant en presence de Chumantou lui dit: je suis un pecheur et le plus grand de tous. j'avoue que tout ce que j'ai enseigné aux hommes n'est pour eux qu'une source de crimes et ne les conduit qu'a leur perte et leur damnation: oubliez tout ce que j'ai fait jusqü'icy pour ne penser qu'a me sauver.
Biach. With these words Biach humbling and annihilating himself in the presence of Chumantou, said to him: I am a sinner and the greatest of all. I admit that all that I have taught men is for them only a source of crimes, and only leads them to their destruction and their damnation: forget all that I have done so far so as not to think that save me.
Chumantou. Je le veux bien repris Chumantou, mais a condition que tu jetteras au feu tous les livres que tu as composés, que tu te depouillera de tous tes préjugés et renoncera a toutes tes erreurs. Je veux en particulier que tu cesses de donner le nom de Dieu a Bramma, Vichenou, Chib, Gonecho &c. et de les honorer comme tels, que tu cesse de mettre de la difference parmi les hommes, que tu les détrompes de toutes les pratiques et de tous les sacrifices que tu leur as enseignés. voila le premier pas que tu dois faire pour te mettre en état de comprendre les verités qui sont contenuës dans le Vedan et de les gouter.je consens de te l'enseigner a cette condition, et en te l'enseignant, je f apprendrai toutes les verités qu'un homme doit sçavoir. Pour te mettre mieux en état d'en profiter, lie toy d'amitié avec tout ce qu'il y å d'hommes vertueux. Le commerce que tu auras avec eux, servira a dissiper tes erreurs et te donnera du gout pour la verité et le Vedan.
Chumantou. I am willing to resume Chumantou, but on condition that you throw all the books you have composed into the fire, that you will get rid of all your prejudices, and give up all your mistakes. In particular, I want you to stop giving the name of God to Bramma, Vichnou, Chib, Gonecho & c., and to honor them as such, that you stop making difference among men, that you undeceive them of all the practices, and all the sacrifices that you have taught them. This is the first step you must take to put yourself in a position to understand the truths that are contained in the Vedan, and to taste them. I agree to teach it to you on this condition, and by teaching it to you, I will learn all of them, the truths that a man should know. To put yourself in a better condition to enjoy it, befriend all that there is of virtuous men. The trade that you will have with them, will serve to dispel your errors, and give you a taste for truth and Vedan.
Biach. Quels sont ceux que vous appellez vertueux? je n'en connois aucun et ne sçais même a quelle marque les distinguer?
Biach. Who are those you call virtuous? I do not know any, and do not even know which brand to distinguish them?
Chumantou. Il est sur la terre nombre d'hommes vertueux; et comme la vertu est la seule chose qui mette de la difference parmy les hommes, ce sont aussi les seuls qui sont veritablement grands, les seuls qui meritent le respect et la veneration du reste des hommes. ecoute et je vais t'apprendre a quelle marque tu les connoitras. Celui qui n'aime que la verité et qui n'aime que le Vedan, qui se fait un devoir et un plaisir d'en instruire les hommes et de le leur expliquer qui ne recite d'autres priéres que celles qui sont prescntes par le Vedan, qui cherche dans ce seul livre la solution de tous ses doutes et de toutes ses difficultés; qui, touché de compassion sur le sort des pecheurs et toujours plein de tendresse pour les pauvres, employe tous les moyens et profite de toutes les occasions de les secourir et de les sauver: Un homme de ce caractére est un homme vraiment vertueux, c'est luy que tu dois frequenter, et avec lui que tu dois lier amitié.
Chumantou. There are many virtuous men on earth; and as virtue is the only thing that makes a difference among men, they are also the only ones who are truly great, the only ones who deserve the respect and veneration of the rest of men. Listen and I'll teach you which brand you will know them by. The one who loves only the truth, and who loves only the Vedan, who makes it a duty and a pleasure to instruct men and explain it to them, who does not recite any other prayers than those prescribed by the Vedan, who seeks in this one book the solution of all his doubts and all his difficulties; who, touched with compassion on the plight of sinners, and always full of tenderness for the poor, uses all means and takes advantage of all opportunities to help and save them: A man of this character is a truly virtuous man. He is is the one that you must frequent, and with him that you must befriend.